Editorial

En pensant à l’Open Access, on fait généralement référence aux articles en format électronique mis gratuitement à la disposition du public. Il permet à tout un chacun de lire, télécharger, copier, transmettre, imprimer, chercher ou faire un lien vers le texte intégral [des documents], les disséquer pour les indexer, s’en servir de données pour un logiciel, ou s’en servir à toute autre fin légale, sans barrière financière, légale ou technique (Déclaration de Budapest, 2002).

L’Open Access comprend : les archives ouvertes qui permettent aux auteurs de publier leurs articles sans que ceux-ci soient nécessairement soumis à une évaluation par les pairs. Et les revues ouvertes qui promeuvent la publication d’articles dans des revues alternatives, c’est-à-dire de nouvelles revues basées sur des financements d’institutions, de gouvernements ou encore de divers laboratoires.

Plusieurs modèles de libre accès se sont développés simultanément à travers le monde. Aux Etats-Unis, la communauté scientifique a défendu l’idée selon laquelle l'ensemble de la recherche financée sur fonds publics devrait être accessible en Open Access. En Asie, l'engagement de la Chine en faveur de l'Open Access débouche sur un programme d'actions en faveur du libre accès aux publications scientifiques. En Europe, le gouvernement britannique a confirmé, en mai 2012, son "engagement sur le principe d'un accès public aux résultats de la science financés par l'argent public". Les Britanniques, quant à eux, montrent une préférence pour le modèle "Gold Open Access". L'Allemagne, de son côté, a mis en place un système novateur : l'organisme fédéral participe à l'abonnement à des revues, par des groupements de commande, et pose comme condition l'acceptation par les éditeurs de la cession des droits d'auteurs pour une diffusion en accès libre, avec un embargo limité à deux années maximum. Pour ce qui est de la Commission Européenne, celle-ci insiste sur le juste retour de l'utilisation des fonds publics investis dans la recherche et sur la cohérence d'une politique en Open Access entre les membres de l'Union Européenne. Elle évoque ainsi le rôle majeur des maisons d'éditions dans la chaine de la publication. Horizon 2020 sera le cadre d'une action plus poussée en faveur du libre-accès. C’est dans cette optique que la France a pris des initiatives en faveur du mouvement d'Open Access, dont le programme Persée de numérisation de revues en sciences humaines et sociales et le développement des archives ouvertes via le dispositif HAL (Hyper Article en Ligne).

Le Maroc, par contre, enregistre peu d’initiatives d’Open Access. Une des rares initiatives nationales de ce genre a été lancée, en 2008, par l’IMIST. Il s’agit du catalogue national des thèses et mémoires « Toubqal » qui permet une grande visibilité des thèses et mémoires soutenus au Maroc. La deuxième initiative s’inscrit dans le cadre du projet Tempus ISTeMag « Optimisation de l’accès à l’Information Scientifique et Technique » Lancé en 2009. Le projet Tempus ISTeMag de la Commission Européenne a pour objectif d’optimiser l’accès à l’IST dans les pays du Maghreb en créant un portail d’accès aux ressources électroniques.

Pour remédier au manque d’intérêt pour l’Open Access au niveau national et renforcer sa contribution au développement de la recherche scientifique au Maroc,  l’IMIST a lancé plusieurs projets dont :

  • Le lancement en septembre 2014 d’une enquête électronique auprès de la communauté scientifique marocaine dont l’objectif est d’évaluer l’état des lieux de l’usage des ressources électroniques.
  • L’organisation de la Première édition de la journée Open Access au Maroc le 23 Octobre 2014. Cet événement est organisé dans le cadre de la célébration de la semaine internationale de l’Open Acess à travers le monde.

Dans un monde confronté à la biblio-diversité, si l’on résume l'Open Access à la démocratisation du savoir, la question du recours ou non à l'Open Access ne doit pas se poser. En effet, les expériences des différents modèles d'Open Access ont montré que, permettre à tous l’accès aux publications scientifiques semble être un élément favorisant la visibilité des travaux de recherche. Cette visibilité, à travers internet, a permis la connectivité des différents auteurs dans le monde, qui a créé des nouvelles pratiques de communication scientifique : e-science (collaboratif, participatif), les réseaux sociaux scientifiques, les réseaux sociaux institutionnels, les blogs de chercheurs, social bookmarking, etc. D'où l'intérêt aujourd'hui pour le Maroc de saisir les opportunités de l'Open Access pour, d'un côté, faciliter l'accès de la communauté scientifique à la documentation et de l'autre, assurer une large diffusion des travaux de recherche nationaux et se créer de nouvelles pistes de collaboration et d'interdisciplinarité. A cet effet, la rencontre du 23 octobre devrait justement se pencher sur l’élaboration d’une stratégie pour la mise en place d’une archive ouverte au Maroc.

 

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