Il y a une décennie, l’IMIST a réalisé une enquête auprès de la communauté scientifique marocaine, sur l’identification de leurs besoins en documentation. Le dépouillement des différents questionnaires a permis, certes, la constitution du premier fonds documentaire de la bibliothèque de l’IMIST, mais il a aussi permis une première lecture du comportement du chercheur marocain face à la documentation, et plus précisément à la documentation numérique.
A l’époque, peu de chercheurs ont prouvé leur usage de la documentation numérique et spécialement les revues répertoriées dans les grandes bases de données internationales. Sachant que ces chercheurs ne représentaient que les domaines des sciences exactes et naturelles, des sciences de l’ingénieur et des sciences médicales et pharmaceutiques. Sans pour autant vouloir rentrer dans des contraintes relatives à l’aspect logistique (disponibilité ou non de matériels informatiques dans les bibliothèques des établissements de l’enseignement supérieur et accès à internet dans ces établissements) et aux moyens budgétaires accordés à la documentation numérique, le recours du chercheur à la documentation numérique restait un luxe beaucoup plus qu’une pratique habituelle.
Le luxe s’est démocratisé par la suite grâce à la convergence de plusieurs facteurs : l’intérêt porté de plus en plus au contenu riche et actuel du document numérique, la diminution des prix des ordinateurs et des connexions internet, l’augmentation de l’offre documentaire numérique, la maitrise du processus de négociation avec les éditeurs internationaux…
En visualisant, durant ces dernières années, les différents accès et téléchargements d’articles, du fonds documentaire numérique, la transition vers la manipulation numérique de la documentation est très visible. L’importance de cette évolution se voit encore plus, lorsque l’accès à la documentation numérique est devenu non seulement une pratique courante pour les domaines tels que les sciences exactes et naturelles, les sciences de l’ingénieur et les sciences médicales et pharmaceutiques mais aussi pour les sciences humaines et sociales, surtout avec l’abonnement, depuis une année, aux revues en sciences humaines et sociales de langue française et l’avènement des e-books.
Cette transition aura, sans aucun doute, une incidence positive sur la production scientifique marocaine en quantité et en qualité. Elle permettra aussi de rendre cette production plus visible à l’échelle internationale grâce aux voies permises par l’électronique pour la publication des résultats de recherche.
Par : Nassima Akariou
Mohammed Essadaoui